- CHARBON (pathologie animale)
- CHARBON (pathologie animale)CHARBON, pathologie animaleMaladie des herbivores, à évolution rapidement mortelle, pouvant atteindre d’autres espèces animales, ainsi que l’homme. Le charbon est dû à une bactérie, la bactéridie charbonneuse ou Bacillus (ou Bacteridium ) anthracis . Il doit son nom à l’aspect noirâtre des organes des animaux morts.Le charbon des animaux est connu depuis l’Antiquité, mais on a confondu longtemps sous ce nom toutes les tuméfactions gangreneuses, et la maladie n’a été individualisée qu’à partir du XVIIIe siècle. La première inoculation expérimentale du sang d’un animal mort à un animal sain remonte à 1825. Dès 1850, Davaine décrivit dans le sang des animaux charbonneux de «petits bâtonnets», mais leur rôle exact ne devait être démontré que par Robert Koch qui prouva leur pouvoir pathogène et découvrit la sporulation du germe. Enfin, Pasteur, en 1881, réalisa la première vaccination, lors de son expérience de Pouilly-le-Fort. Le charbon atteint essentiellement le mouton. Il réalise une septicémie se traduisant par des convulsions et une hématurie (le «pissement de sang»). La mort survient en quelques heures. À l’autopsie, on constate que le sang est noir, poisseux, incoagulable; la rate est hypertrophiée et noirâtre. Le bacille se trouve dans le sang en grande abondance. Lorsque l’animal mort est enterré, après avoir été dépecé (pour tirer profit de la peau), les germes forment des spores très résistantes qui, une fois ramenées à la surface par les vers de terre et le labour, souilleront les végétaux et infecteront les animaux mangeant cette herbe, comme l’a démontré Pasteur. La pénétration des spores se fait par voie pharyngée, à la faveur d’excoriations provoquées par les brindilles desséchées; c’est dans ces lésions excoriées que les spores germent. Des troupeaux entiers étaient ainsi décimés dans certaines régions («champs maudits»). Bovidés, chèvres et chevaux peuvent également être touchés.La maladie humaine se déclare presque toujours chez les sujets professionnellement exposés: éleveurs, vétérinaires, tanneurs (les spores se conservent longtemps sur les peaux souillées), dockers manipulant des objets souillés. La porte d’entrée est, en règle générale, cutanée: piqûre, souillure d’une lésion préexistante. Le charbon humain se traduit par la pustule maligne, escarre noirâtre entourée d’une couronne de vésicules, siégeant au point d’inoculation sur une zone découverte (face, nuque, mains), accompagnée par un œdème important. La pustule maligne, jointe à une discrète adénopathie satellite, a un retentissement plus net sur l’état général du malade. Le plus souvent, cette affection évolue vers la guérison. Toutefois, dans certains cas, des complications mortelles peuvent survenir: septicémie, méningo-encéphalite charbonneuse, œdème considérable. Une autre forme de la maladie est l’œdème malin : la papule qui siège alors au visage passe inaperçue et c’est l’œdème palpébral qui domine le tableau clinique. Beaucoup plus rares chez l’homme, mais très graves, sont le charbon pulmonaire qui résulte de l’inhalation de poussières contaminées (fièvre élevée, dyspnée, expectoration brunâtre) et le charbon gastro-intestinal (douleurs abdominales, vomissements, abdomen distendu, hémorragies intestinales).Dans tous les cas, le pronostic de la maladie est lié à la précocité de l’antibiothérapie. De nombreux médicaments sont actifs, en particulier la pénicilline G, la streptomycine, les tétracyclines. En outre, la sérothérapie est encore utile dans les formes graves.La prophylaxie consiste à enfouir les cadavres d’animaux charbonneux avec de la chaux vive, et surtout à vacciner les troupeaux dans les régions infestées. En outre, l’homme doit éviter la manipulation de produits pouvant être infectés.
Encyclopédie Universelle. 2012.